Écrit par
Laura Ducharme
⤅ Origine,ville natale : Marieville, Québec
⤅ Passion, intérêts : Ski nordique, la longue randonnée pédestre, la planche à pagaie, le camping d’hiver, la photographie d’aventure, le ukulele, la gestion des risques en contexte de plein air, la neuroscience et la méditation pleine conscience.
⤅ Le livre qui a changé ta vie : Sapiens, de Yuval Noah Harari
⤅ Un documentaire à voir et pourquoi : The Minimalist
⤅ Ta citation préférée : « Même dans les plus grandes dictatures de ce monde, il y a toujours une part de liberté. Il suffit de la voir et de la saisir » – Inconnu
Je me souviendrai toujours du moment précis où j’ai eu ce fameux déclic qui m’a poussée à m’aventurer dans le monde vaste et complexe de l’entrepreneuriat. En fait, je m’en souviens comme si c’était hier…
Février 2018. Je marche tranquillement en raquette sur les glaces du Lac st-Jean, armée de mon sac à dos et de mon appareil photo en bandoulière. J’ai les bouts de doigts congelés, le nez morveux, quelques glaçons se sont formés dans ma tignasse emmêlée et un peu crasse, entassée sous ma tuque et mon capuchon. Je pue. J’ai frette. J’ai des courbatures dans tous les muscles connus (et inconnus) de mon corps. En dépit de mon état piteux, j’ai étonnamment le sourire bien « scotché » aux lèvres depuis le début de cette traversée hivernale.
Le regard rivé à l’horizon, devant l’étendue blanc immaculé du lac gelé, je ressens à ce moment-là une profonde connexion avec moi-même, avec les autres et l’immensité de la nature. Je ne fais qu’un avec elle. La nature ne m’appartient pas, c’est plutôt elle qui me possède entièrement. Je me fonds et confonds à elle en toute humilité.
Quelques semaines plus tôt, mon monde s’effondrait
Mon copain du moment m’avait quittée avec la triste et célèbre phrase : « C’est pas toi, c’est moi… »… pour finalement se retrouver dans les bras d’une autre (un classique). Au travail, même si j’avais réussi à accéder à un poste de direction clinique et de travailleuse sociale, la fatigue de compassion commençait tranquillement à s’installer insidieusement en moi. La maison dans laquelle je louais un magnifique appartement, venait d’être vendue et il ne me restait que quelques mois pour quitter mon logement.
Tous les piliers que je croyais essentiels à mon équilibre venaient de s’effondrer au même moment. C’était la première fois que j’expérimentais à ce point l’impermanence des choses. Au départ, j’étais habitée par un sentiment d’échec, car je ressentais de la honte face à cet effondrement, mais aujourd’hui, avec du recul, je réalise que j’étais comme le phénix qui renaît de ses cendres. Cette déconstruction était un passage obligé pour me permettre de renaître à moi-même et de vivre une vie beaucoup plus alignée par la suite.
L’Univers, Buddha, Dieu, Mère nature, la Vie… Bref, quelque chose ou quelqu’un tentait de m’envoyer un message clair: il fallait que je me déconstruise pour renaître à moi, pour me rebâtir sur de nouvelles bases et ainsi prendre un nouvel envol. Je devais vivre en cohérence avec la nature et avec mes valeurs. Les incarner en conscience. M’ancrer davantage dans le moment présent et dans ma « zone de génie », cet espace où j’actualiserai avec force et conscience mon plein potentiel.
Sur la carte topographique de ma vie, un tracé était tranquillement en train de se dessiner. Malgré les détours, chaque chemin emprunté m’a ramenée vers le même azimut. Après un léger détour en théâtre au cégep, les arts de la scène m’ont amenée à voyager dans différents pays du monde. À la sortie de l’Université de Sherbrooke en travail social, j’ai eu l’opportunité de travailler auprès de familles vivant en contexte de vulnérabilité, en pédiatrie sociale et auprès des Premières Nations au Québec, à travers différents projets dans les communautés.
Sur ma route, j’ai pu voir de mes propres yeux les bienfaits des approches alternatives et novatrices en travail social tel que la zoothérapie, l’art-thérapie et la musicothérapie. Je dois avouer que pour moi, c’est l’approche d’intervention par la nature et l’aventure qui a été une révélation pour moi dans mon parcours!
L’aventure nous permet d’utiliser nos forces pour transformer nos menaces en opportunité.
J’ai donc entamé un programme court de deuxième cycle en intervention plein air et j’ai démarré un projet pilote d’intervention auprès de jeunes vivant avec des défis multiples, en combinant deux approches : l’intervention par la nature et l’aventure et la zoothérapie. Durant mes études et mes recherches, j’ai découvert le « Paradigme de l’aventure », des chercheurs Simon Priest & Micheal Gass. Selon ces chercheurs, le « point d’aventure » se situe en parfait équilibre entre le niveau de risque et le niveau de compétences de la personne en expédition.
En créant un espace de dissonance et de déséquilibre, le point d’aventure permet à la personne de se plonger dans cette délicieuse incertitude sans tomber dans la mésaventure. L’aventure nous permet d’utiliser nos forces pour transformer nos menaces en opportunité. Et ainsi réduire notre anxiété et augmenter notre résilience face aux intempéries de la vie.
En juin 2019, le projet-pilote d’intervention par la nature et l’aventure a permis à une dizaine de jeunes d’augmenter leur pouvoir d’agir sur leur situation. Au fil de ce projet, leur niveau de compétence a augmenté sur le plan technique et communicationnel. Cette micro-expédition d’aventure a été pour la plupart de nos jeunes participant.e.s une forme de métaphore qui a permis de réorganiser l’expérience passée vécue, satisfaire leur besoin d’actualisation et créer un moment d’exception dans leur récit de vie personnelle et professionnelle.
Le contexte d’expédition et d’aventure devient une sorte d’incubateur et d’accélérateur de potentiel humain, en plus de faire émerger l’intelligence collective.
Après avoir récolté de nombreux prix et reconnaissances dans la communauté pour ce projet pilote, je me suis retrouvée par la force des choses entrepreneure… malgré moi! L’entreprise MAÏKANA est finalement née en plein milieu de l’été 2019, avec la mission d’offrir aux entreprises et leurs employés un contexte d’expédition et d’aventure, qui devient une sorte d’incubateur et d’accélérateur de potentiel humain, en plus de faire émerger l’intelligence collective. En forêt, on se connecte à soi, aux autres et à notre environnement. On se perd pour mieux se retrouver.
Un.e entrepreneur.e pour moi, c’est une personne qui saisit les opportunités, afin de porter sa vision du monde à plus grande échelle.
Bien que je n’ai jamais envisagé être entrepreneure, j’ai réalisé que l’entrepreneuriat a de nombreux visages et que c’est à nous de définir le type d’entrepreneure que nous désirons être! Je me suis aussi entourée d’un petit village pour m’aider à me construire. Aujourd’hui, je définis plutôt l’entrepreneur.e comme étant celle ou celui qui saisit les opportunités, afin de porter sa vision du monde à plus grande échelle.
Au premier regard, mon parcours peut sembler hétéroclite et décousue par moment. Après mûres réflexions, j’ai été en mesure d’identifier le fil rouge qui relie la courte-pointe bien colorée que représente mon parcours. Quand je fais une rétrospective de mon récit de vie personnelle et professionnelle, je réalise que chaque expérience vécue m’a tranquillement préparée à devenir l’entrepreneure sociale que je suis aujourd’hui.
La nature a été une grande mentore pour moi à travers cette expédition entrepreneuriale. Elle m’a appris à faire la différence entre l’intuition et l’impulsion, entre la rigueur et la rigidité, entre la persévérance et l’acharnement, entre l’amour et la peur.
Aujourd’hui, MAÏKANA est devenue bien plus qu’une simple petite entreprise pour moi. C’est une façon de vivre. Une philosophie de vie. Une vision du monde. MAÏKANA m’a permis de vivre davantage en cohérence avec la nature, mes valeurs et mes intentions, de mieux les incarner et ce, à chaque moment de ma vie, entourée d’une communauté engagée et consciente.
L’effondrement de mes repères vécu il y a quelques années m’aura finalement permis de saisir cette petite parcelle de liberté pour mieux révéler les forces de la nature, de ma communauté et de mon propre potentiel.
Parcours LOÜP : Leadership bienveillant par la nature et l’aventure
Dans ce parcours, on veut briser le mythe du loup Alpha et s’inspire de la structure de la meute pour mieux prendre soin de soi, en tant que leader ainsi que pour intégrer des stratégies bienveillantes et conscientes.
Ce parcours offre aux entrepreneurs de s’inspirer de la nature pour mieux prendre soin de soi et de son équipe. Le parcours permet aux participants d’identifier leur profil de leadership, de développer leur capacité d’introspection et de mieux comprendre les autres, de réfléchir à leur style de leadership, leur rôle et leur mode de communication ainsi qu’appliquer des stratégies pour augmenter leur impact.
Basé sur une approche clinique, mais non traditionnelle, le Parcours LOÜP comporte quatre modules virtuels à compléter, trois rencontres de consultation individuelle de 50 minutes ainsi qu’une aventure d’un week-end à la yourte de Maïkana, située à Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix. Si vous ressentez l’appel de vous joindre à nous les 18 et 19 février, cliquez sur ce lien et joignez la communauté de pratique LOÜP.
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