Comment mes deuils sont devenus mon chemin de Compostelle intérieur : l’histoire de Karine Leclerc

Écrit par

Karine Leclerc

Alliée du deuil

EN BREF :
Origine, ville natale : Trois-Rivières
Occupation professionnelle : Accompagnatrice, maître en hypnose spécialisée pour le deuil, aide médicale à mourir. Formatrice, conférencière, autrice du livre Le deuil est un chemin de Compostelle intérieur
Passion, intérêts : Méditation, écriture, silence, nature, amoureuse des relations humaines
Le livre qui a changé ta vie : Découvrir un sens à sa vie, de Victor Frankl
Un documentaire à voir et pourquoi : On ne mourra pas d’en parler. Un documentaire rempli d’espoir sur le sujet de la mort.
Ta citation préférée : L’âme n’a pas besoin de diplôme pour être compétent – Karine Leclerc

 

Il y a toujours un avant et un après

Je dis souvent qu’on fait l’école de la vie ! Cette école où on fait le stage, avant l’apprentissage. Disons que mes stages ont été plutôt orientés dans le domaine de la mort. Avant mes 25 ans j’avais déjà perdu, plus de 10 membres de ma famille directe, dont mes 2 pères et ma mère.

Dans mon cas, ce que j’appelle la ligne rouge est le décès de cette femme de ma vie. Cette ligne rouge trace un avant et un après… La vie ne sera plus jamais pareille, elle ferme le livre de la vie comme elle a été.

J’ai longtemps pensé que ma vie était terminée, mais dans ces espaces plus sombres se cachent des forces insoupçonnées.

Suite au décès de ma mère, je me suis complètement perdue intérieurement. La jeune fille confiante et sociable que j’étais est disparue ce 14 février, au moment même où ma mère m’a appris qu’elle était en fin de vie, elle n’avait que 38 ans, j’en avais 18. Je n’ai plus jamais été la même. J’ai crié à l’injustice, je me suis plaint en cachette, j’ai boudé la vie, j’ai pleuré et j’ai résisté… j’ai tellement résisté! J’ai longtemps pensé que ma vie était terminée, mais dans ces espaces plus sombres se cachent des forces insoupçonnées. Il faut traverser ses abîmes, mais il faut aussi faire le choix conscient de se relever et de foncer.

Dans la traversée de mes deuils, j’ai renié mes plus belles forces, j’ai eu honte de mon histoire, j’ai fait croire que tout allait pour ne pas déranger et perdre à nouveau, je me suis transformé pour retrouver une famille, j’ai tenté d’être indispensable pour ne pas être rejetée, mais surtout je me suis menti à moi-même! Dans ce parcours, tant de perfections, car toutes ces étapes m’ont permis de redéfinir mes valeurs profondes, et elles m’ont permis de comprendre le manque de ressources et les tabous reliés à la mort et au deuil.

Ce parcours me rend capable de transmettre l’espoir. L’espoir comme moteur de motivation et de guérison.

Mes résistances passées m’éloignent du jugement dans mes accompagnements de deuils. Étant consciente de mon chaos, je sais reconnaître avec respect le rythme de chacun. Toutes mes pertes, m’ont permis de toucher et comprendre les différentes formes du deuil, à accompagner dans la mort, à cheminer à travers l’épreuve, à faire des erreurs, à me perdre et me retrouver et à apprécier autrement. C’est avec humilité que je reconnais que ce parcours me rend capable de transmettre l’espoir. L’espoir comme moteur de motivation et de guérison.

Je parle souvent de donner un sens aux épreuves qui ponctuent notre vie. L’entreprise que j’ai créée représente la plus grande recherche de sens à mon histoire! À ses derniers moments, ma mère m’a dit : «Karine, si de perdre ta mère te permet de comprendre et d’aider une amie, ce sera beaucoup». Cette phrase reçue sans comprendre a mûrie en moi pour m’apporter cette réponse : «Si je dois aider à la grandeur de ma souffrance, je devrai aider chaque jour, durant le reste de ma vie». 13 ans plus tard, ce qu’elle a semé prend vie.

J’ai usé de créativité et j’ai choisi d’étudier l’humain, afin de démystifier, de l’autopsier et mieux me connaître. C’est devenu une obsession, une quête pour me retrouver dans ce labyrinthe intérieur.

Sur ma route, une psychologue incroyable, avait compris qu’elle devait être créative et tenace pour me permettre de continuer ma route dans le monde des vivants. Un jour, elle m’a dit que lorsque j’étais arrivée dans son bureau, je vivais dans le monde des morts, avec ma famille disparue, mais que maintenant j’incarnais la vie de la tête aux pieds. Je m’étais enfin reconstruite, j’avais appris à me bercer et à m’aimer! J’étais prête à donner un sens à mes pertes… Sa bienveillance m’avait permis d’avancer un pas à la fois et de me retrouver.

Un long chemin de Compostelle intérieur pour revenir à moi, mais combien rempli de richesses et tellement de fierté de ressentir cette paix qui m’habite maintenant.

L’anxiété qui m’habitait devait être mise au pied du mur, je me devais de la comprendre afin de la transcender. Un long chemin de Compostelle intérieur pour revenir à moi, mais combien rempli de richesses pour mes vieux jours et tellement de fierté de ressentir cette paix qui m’habite maintenant.

C’est en étudiant la méditation, la neuro-activ-coaching, la relation d’aide ; jusqu’à l’enseigner pendant plus d’une dizaine d’années et en devenant maitre en hypnose que j’œuvre maintenant de douceurs dans les traversées souffrantes de deuil de ceux que j’accompagne. L’aide psychologique offrait peu d’avenues, on se devait de trouver la thérapeute qui nous convenait, maintenant les études en neuroscience et le domaine de la psychologie holistique offrent plusieurs avenues différentes. Il faut considérer l’expression qui nous convient afin d’entrer dans un processus harmonieux, tout ne peut convenir à tous.

La méditation, l’hypnose et l’accompagnement demeurent mes plus précieux outils afin de maintenir cette relation avec moi-même. J’ai créé mon entreprise pour me permettre d’être constamment en contact avec la vie et continuer de grandir. J’ai forgé un quotidien qui m’éloigne de mon nombril et qui s’inspire de partages de vies uniques. L’accompagnement à l’aide médicale à mourir est aussi une nouvelle réalité qui honore le moment présent plus que jamais. Être devant quelqu’un qui fait ce choix en toute conscience, avec toute sa lucidité demeure dans les expériences les plus riches que j’ai vécues.

Dans mon parcours, j’aurais aimé comprendre à quel point la résistance à « CE QUI EST » demeure la plus grande source d’épuisement et de souffrance qui soit. Ce n’est pas l’événement qui détruit, c’est résister à l’inconfort et aux émotions qui s’en suivent. Dans cette relation avec moi-même, dans ce calme, j’ai tout de même pris conscience qu’on peut grandir toute notre vie… Quand on grandit du cœur en montant!

Dans mon parcours, j’aurais aimé comprendre à quel point la résistance à « CE QUI EST » demeure la plus grande source d’épuisement et de souffrance qui soit.

La vie change, les générations se multiplient, mais ne se ressemblent pas. L’ouverture de conscience est plus grande, l’accueil des différences est naturelle, de nouvelles réalités qui s’installent en société, c’est une richesse qui dénote une intelligence émotive incomparable. Les nouvelles générations propulsent dans une ère d’intelligence émotionnelle par le nouveau regard sur les diversités physiques, l’ouverture à honorer les différentes cultures, la capacité d’écouter les croyances de l’autre, la place créée à la spiritualité pour exprimer sa profondeur, la bienveillance portée à un humain dans sa réalité de transition de sexe, etc. Pour moi, le monde à venir est rempli d’espoir, de beauté et d’accueil… Vous me direz peut-être : « Oui Karine, mais même jeune, ta vision était un peu romancée ! ». À ceci je répondrais… N’avais-je pas raison d’y croire ? 😉

Mon entreprise est devenue le plus grand sens que je donne à mon histoire

J’accompagne les gens à s’apaiser, à accueillir et transformer. Je deviens un quai où il est possible d’accoster! Par la magie de « l’humaniweb », nous arrivons à nous rassembler, à échanger pour grandir. Mon site web permet de participer à des ateliers, conférences, podcasts, formations de méditations et d’accompagnement de tout ordre. Mon contenu est relié aux différents chaos du deuil, mais surtout il tend à honorer la vie qui veut exister en nous !

Karine Leclerc deuil

Honorer la vie en soi, c’est faire un pied de nez à tous ces tsunamis qui ont croisé notre route!

Je profite de cette occasion pour vous offrir un extrait de mon livre, qui est disponible dans toutes les librairies: Le deuil est un chemin de Compostelle intérieur, aux éditions Ada. Ce livre est un recueil de 14 textes inspirés de mes histoires personnelles suite à mes deuils en série. L’extrait s’intitule : la ligne rouge.

Vous pouvez en apprendre plus sur les services qu’offrent Karine sur son site web, ou sur sa page Facebook.