La magie du rien : l’histoire de Laurie Blanchette

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En bref:
Ville:  Ste-Anne-Des-Lacs
Occupation professionnelle : Comédienne et chanteuse, spécialisée en voix
Passion, intérêts : Chant, musique, scène, méditation, nature sous toutes ses formes
Le livre qui a changé ta vie : Les semences du Messie, de Story Waters
Un documentaire à voir et pourquoi : La sagesse de la pieuvre, c’est un des plus beaux exemples d’un humain qui suit son rêve jusqu’au bout, même s’il semble un peu fou.
Ta citation préférée : « Tout mouvement, de quelque nature qu’il soit, est créateur » – Edgard Allan Poe

 

J’ai commencé « ma vie d’adulte » avec des nœuds dans le ventre, en croyant que c’était la seule façon d’être parfaite. Des nœuds dans le stress, qu’on doit gérer. Dans la colère, qu’on ne doit pas laisser s’exprimer, dans les larmes qui peuvent déranger, dans ma lumière qui rayonnait trop fort pour certains, dans ma vérité, quoi. Résultat?

Je souriais tout le temps. On me décrivait comme étant un petit soleil, toujours de bonne humeur. Ça a toujours fait partie de moi, cette énergie profondément positive, elle s’est simplement mise à sonner de moins en moins juste [pourtant, j’ai horreur des fausses notes].

J’avais un peu l’impression de vivre à l’extérieur de moi. Je me noyais dans l’intense, je fuyais le vide.

J’avais un peu l’impression de vivre à l’extérieur de moi. Je me noyais dans l’intense, je fuyais le vide. C’est normal, je voulais me sauver de l’inconfort lié à ces ficelles emmêlées. Je ne peux pas dire que j’étais malheureuse. Je réussissais à vivre grâce à mon métier de comédienne, je décrochais de beaux contrats valorisants, je faisais des voyages. Je ne peux simplement pas dire que j’étais complètement épanouie. Je carburais à l’adrénaline d’être prise pour un contrat, mais je croulais ensuite sous l’angoisse du ‘’je ne suis pas assez bonne’’ lorsque je recevais des ‘’non’’, ou que mon horaire ne se remplissait pas assez à mon goût.

J’ai commencé à méditer en y cherchant inconsciemment l’extraordinaire, la perfection, la performance.

Quand je me retrouvais seule, face au vide, je sentais une immense lourdeur. C’est comme si ma vérité retenue et emmêlée pesait sous ma montgolfière et m’empêchait de m’envoler. J’ai commencé à méditer en y cherchant inconsciemment l’extraordinaire, la perfection, la performance. Mes moments méditatifs n’étaient pas simples. Ils étaient bien remplis de visualisations de toutes sortes, de travail acharné pour arriver à faire un voyage astral ou à communiquer avec l’au-delà. Beaucoup d’effervescence dans cet acte qui devrait être si simple. C’était un mécanisme de protection, je crois : le vide m’effrayait. La méditation dans sa plus simple expression était une source de stress, de jugement de moi-même, de « voyons donc que je suis même pas capable de mettre ma tête à off, ou juste de respirer normalement ». Cet état était un extraordinaire reflet de moi.

Je n’arrivais pas à accepter la Laurie sans façade. La Laurie telle qu’elle est. La Laurie merveilleusement imparfaite.

Je n’arrivais pas à accepter la Laurie sans façade, faux-sourire, plastique flamboyant. La Laurie telle qu’elle est. La Laurie « vraie ». La Laurie merveilleusement imparfaite.

J’ai fait mon premier 10 jours de méditation Vipassana en 2012. Ça a été une épreuve énormément difficile, parce que j’ai continué à me battre contre moi, pendant ces 10 jours. Contre moi et contre la technique de méditation. Vous commencez à comprendre le personnage : je pensais que ce séjour me donnerait accès à des super pouvoirs, qu’après cette retraite, j’allais léviter, voir dans le futur, communiquer avec les morts, que j’allais subir l’illumination, quoi. Eh bien non. Rien ne se passait. Le vide. Un vide insupportable.

Je méditais les bras croisés [ça m’empêchait de sentir mon ventre noué], je ne faisais pas exactement ce que la technique exigeait parce que je trouvais ça ennuyeux, je priais à chaque seconde que le temps passe plus vite, que je puisse partir et me sauver [de moi-même]. Grâce à un très fort orgueil, je l’ai fait jusqu’au bout, de peine et de misère, et j’ai dit aux gens que ça m’avait fait BEAUCOUP DE BIEN, que ça avait BIEN ÉTÉ. Des nœuds, des nœuds, encore d’autres nœuds.

Quelque chose me disait que je devais revivre cette expérience. Ça a été le point tournant de ma vie.

Puis, mon intensité naturelle est revenue à la charge et, malgré le souvenir de la dernière fois, je l’ai refait, 5 ans plus tard. Quelque chose me disait que je devais revivre cette expérience [je sentais bien que je n’avais pas été tout à fait au bout de la technique]. Ça a été le point tournant de ma vie. J’y ai finalement trouvé ce bonheur profond, tant espéré. Et il m’est apparu, si simple, sans fla-fla, étincelles, étoiles filantes magiques. Sans pousser, sans forcer, sans rien changer. Tout nu. Avec dans sa main, deux mots : « Accepte tout ». Je me suis donc regardée profondément dans les yeux, tout simplement.

J’ai observé la Laurie sans parures. J’ai fait doucement le travail d’accepter toutes mes facettes. J’ai pleuré fort. C’était incontrôlable, inconfortable des fois, mais jamais autant que de passer ma vie avec ma vérité étouffée. Toute cette libération, dans le silence, grâce au vide, grâce au rien.

Après cette retraite, des tonnes de réflexions me sont apparues. Des compréhensions de toutes sortes sur les rouages du bonheur, d’une vie plus simple, plus douce, plus légère. Toutes des réponses que je cherchais depuis longtemps et qui se déployaient finalement dans ma tête et mon cœur, à mesure que j’acceptais toujours plus qui j’étais et que je dénouais les ficelles, une à la fois, avec l’aide de plusieurs autres retraites silencieuses par la suite, en mettant le flot d’action de la vie sur pause, en m’offrant des plateaux d’argent de rien.

Je trouvais donc toujours plus de liberté dans ma vie, particulièrement en amenant la méditation à flotter à travers mon quotidien, à s’y mêler et à le nourrir. C’était une clé nouvelle : il n’est pas obligatoire de méditer 10 heures par jours pendant 10 jours pour accéder aux bienfaits de tout ça. Ça pouvait être tout simple, méditer. S’insérer partout, dans mes gestes, le temps qui parfois, se met d’emblée sur pause, l’expression du présent, tout simple.

Ma carrière professionnelle s’est aussi merveilleusement déployée, aidée par cette nouvelle détente, cette nouvelle confiance profonde en moi, en ma vérité, en la vie. Tout allait merveilleusement bien, mais étrangement, un vide restait présent. Comme s’il manquait une facette à mon épanouissement. Ça m’est apparu pendant une longue nuit d’insomnie.

C’est comme si ma tête et mon cœur se sont joints ensemble pour exprimer intensément cette envie de partager ces clés qui m’ont menées vers un bonheur toujours plus doux, toujours un peu plus profond.

J’avais beau tenter de me détendre, conter les moutons, mes respirations, celle de mon chum, rien à faire. J’étais traversée par une énergie sortie de je-ne-sais-où, criant très fort dans mes oreilles pour s’assurer que je comprenne bien son message. C’est comme si ma tête et mon cœur se sont joints ensemble pour exprimer intensément cette envie de communiquer mes réponses avec le monde, de partager ces clés trouvées sur mon chemin qui m’ont menées vers un bonheur toujours plus doux, toujours un peu plus profond. Mais, je cherchais le bon filon, la façon la plus optimale de partager mon message.

Tsé, c’est délicat, parler de bonheur, de spiritualité, tout en gardant un côté terre à terre et ludique en même temps, et il était très clair dans ma tête que c’était le but de ce projet tout près de naître: Amener la méditation et le bien-être d’une façon nouvelle, légère, sans artifices et sans pression. Il était maintenant 4h du matin.

Rien. Tout part de là.

Ça m’est finalement apparu, ce fameux fil conducteur qui m’a valu des yeux fatigués [mais heureux] le lendemain matin. Rien. Tout part de là. Apprivoiser le bonheur du rien, l’intégrer à notre vie pour qu’elle respire un peu mieux et apprendre grâce à lui à mieux se connaître, à s’accepter, toujours un peu plus, et par le fait même, à s’aimer toujours plus.

Après avoir trouvé ce « filon » précieux, j’ai commencé à écrire. J’ai flotté sur un flot de créativité, aidée par les pauses obligées de 2020 [et de plusieurs autres nuits d’insomnies créatives] et j’ai ainsi pondu le projet Rien. Il s’exprime pour le moment à travers des capsules vidéo toutes simples et ludiques présentées via le web, qui se suivent et se complètent l’une et l’autre. Un genre de parcours. J’y partage pleins de réflexions et de trucs pour aider à intégrer le rien à travers notre quotidien.

 

Puis à partir de ce concept, on avance plus profondément. Je parle des peurs, j’offre des trucs pour prendre soin de soi pour vrai, pour avoir l’esprit plus léger, pour accepter toutes nos facettes, etc. Le « parcours Rien » sera aussi bientôt accessible en version livre. L’écriture est en cours et va bon train!

Ma première « aile » étant mon métier de comédienne spécialisée en voix, ce projet est devenu ma deuxième aile. C’est comme s’il manquait cette autre partie de moi qui devait s’exprimer, elle-aussi et en 2020, malgré la pandémie qui nous donnait l’impression d’être un peu « pris en cage », j’ai senti que je pouvais enfin m’envoler.

Partager mes réflexions avec le monde, l’aider à se « démêler » lui aussi, c’est le plus beau cadeau que j’aurais pu me faire. Ça m’épanouit, ça me grandit, ça me solidifie et mon doux! que ça me remplit de joie de lire les retours de gens qui me partagent le bien que ça leur fait, parce que c’est juste ça, mon but : semer du bien, faire pousser des forêts de ventres dénoués, de cœurs ouverts, d’humains légers.

Les capsules Rien sont accessible via la page Instagram @rien.laurie.blanchette ou le site web : www.caspsulesrien.com

Mon but : semer du bien, faire pousser des forêts de ventres dénoués, de cœurs ouverts, d’humains légers.